9

Le réveil sonna de son timbre de crécelle. Je me réveillai en sursaut, happé de mon sommeil par cette horrible mécanique. J'ai toujours exécré les réveils, ces machines infernales que l'on programme pour nous rappeler à la routine du quotidien. Elles sont impitoyables, ignorant la quiétude d'un profond sommeil. Dans mon affolement, en voulant mettre fin au vacarme de la sonnerie métallique j'appuyai sur le bouton de mon répondeur. Docilement, celui-ci dévida le contenu de sa mémoire magnétique. " Monsieur Gauthier je dois vous parler. Je vous rappellerai demain ". Le message se termina par un bip strident puis, la bande se rembobina. Je restai un bref instant interdit, au point d'en oublier le réveil. Je refis jouer le répondeur à tête reposée. Cette voix m'était inconnue; elle était celle d'un homme jeune dont l'âge se situait autour de la trentaine. La cadence précipitée des mots indiquait une urgence teintée d'inquiétude. L'ombre d'une menace peut-être ? Je ne pouvais en tirer d'autres informations, sinon que cet homme connaissait mon nom. Cette constatation me laissa perplexe. Qui était-il ? Que me voulait-il ? Une exploration rapide des éventualités possibles me ramena à Marc. Je ne sais par quelle intuition j'étais persuadé que cet homme était lié à tous les mystères qui entouraient mon ami. En vérité, rationnellement, il pouvait être n'importe qui; un étudiant, mon banquier, mon dentiste... Mais la même raison me murmurait que l'on ne laisse pas un message si laconique sur un répondeur téléphonique ! J'entrepris de me réveiller pour réétudier la question avec les idées plus claires.

Pour la première fois, depuis plusieurs semaines des rais de soleil se faufilaient entre les persiennes. La clarté du reflet des fentes parallèles sur le mur accentuait par contraste l'obscurité de la pièce. Je fermai les yeux et me laissai transporter par un flux de sensations ineffables qui remontaient du fond de mon enfance. Malgré quelques efforts je ne parvins à métamorphoser ces émotions en images, en souvenirs tangibles. J'enviai alors Proust et sa madeleine bienfaitrice. Quand j'ouvris les volets, un soleil plein de vie affleurait les toitures. Il inondait ma rue d'une lumière vive et crue qui brillait sur les pavés encore humides de la rosée de la nuit. La ville semblait tout à coup lavée de toutes les tribulations de l'hiver. Cette journée s'annonçait joyeuse. Je respirai un grand coup. Je remplis mes poumons de l'air vigoureux des matins d'hiver. Un calme cristallin avait rempli la rue à peine troublé par le brouhaha lointain de la circulation des boulevards. Alors, me revint à l'esprit ma bêtise de la veille. J'avais stupidement oublié de demander à Cécile son numéro de téléphone ! Malgré la lumière éclatante qui arrosait toute la ville d'une humeur enjouée, un sentiment de tristesse mêlé de désespoir m'envahit. Je me trouvais démuni, sans aucun moyen de pouvoir un jour la retrouver. Je serrai fortement la poignée de la fenêtre dans ma main en signe d'impuissance.

Quand j'arrivai dans mon bureau, le téléphone sonnait. Je me jetai sur le combiné. Dans ma précipitation je heurtai douloureusement l'angle de ma table de travail. Quand je décrochai le téléphone, il était trop tard. On avait raccroché. Je rêvai quelques instants à la voix de Cécile me livrant son adresse. Mais comment aurait-elle pu me joindre ici, dans mon bureau à la Sorbonne ? Je me laissai choir sur ma chaise, décontenancé. Ce spleen dura quelques minutes, le temps de rassembler mes esprits. Je me carrai alors dans ma chaise et tentai de poursuivre l'étude sur laquelle je travaillais depuis quelques mois; une monographie sur le rôle du Thing, la réunion des hommes libres dans la société Viking du neuvième siècle. Je me proposai d'interpréter la traduction de runes découvertes tout récemment sur le site de Hedeby, près de Schleswig, que m'avait transmises un vieil ami danois, Søren Jensen, chercheur à l'Université de Copenhague. C'était un travail ardu qui réclamait toute ma concentration. Or mes pensées vagabondaient sur d'autres routes, à mille lieues des Vikings et de leur indéchiffrable écriture.

Très vite les souvenirs de la veille s'accaparèrent tout mon esprit. Je me remémorai l'enchaînement inévitable des événements qui m'avaient conduit de la rencontre de Cécile sur le parking d'un hôpital à son lit. La conclusion avait-elle vraiment été inévitable. Je me souvins les premiers frémissements du désir qui s'étaient amplifiés au cours de notre conversation. Elle m'avait plu tout de suite, cela je ne pouvais le nier. J'avais immédiatement été sensible à la sensualité de ses lèvres et aux mouvements de son corps. Pourtant, au fond de moi, je regrettai mon aventure de la veille. Je ne saisissai plus l'urgence que m'avait dictée le désir. Seule la conséquence de cet acte hantait à présent mes pensées : j'avais trompé, d'une certaine manière, mon meilleur ami. Je me réconfortai en invoquant la profession très particulière de Cécile. Des hommes, elle en voyait toutes les nuits, et jamais les mêmes. Je n'avais été après tout que l'un d'entre eux. Pourtant, je ne pouvais me comparer à eux. Je n'avais pas été un client ! Cette différence me fortifiait dans l'authenticité de notre désir mais elle me rendait tout à la fois d'autant plus coupable envers mon ami. Je me reprochai alors d'avoir succombé si rapidement aux caprices du désir. Des belles femmes j'en avais connu beaucoup et Paris n'en manquait pas. Alors, pourquoi Cécile ? Je connaissais la réponse mais je refusais de l'exprimer par peur de rencontrer la vérité. Mais je dus me résoudre à admettre que Cécile avait exercé sur moi une attraction inexpugnable parce qu'elle représentait une brèche dans l'existence de Marc dans laquelle j'allais pouvoir m'introduire. Elle constituait un passage vers la face cachée de mon ami, toute cette intimité remuante dont l'accès m'avait été interdit. Oui, en vérité, ce qui avait motivé mon désir n'était rien d'autre que la curiosité ! Au delà de l'acte purement charnel, au delà de la culpabilité morale, ce qui pesait réellement sur ma conscience était d'une toute autre nature. Mon aventure avec Cécile ne pouvait être traitée comme une vulgaire conquête supplémentaire. La nuit dernière m'avait permis d'entrer inopinément et abruptement dans les recoins les plus secrets de la vie de Marc. J'avais violé sa vie privée derrière son dos. J'avais profité de son état pour fouiller dans ses secrets.

Je voulus me replonger dans mon travail mais encore une fois sans grand succès. Cécile était toujours là, à se glisser dans les recoins de mes pensées. Je ne pouvais accepter l'idée que la nuit que nous avions passée la veille serait la dernière. Je devais trouver un moyen de la retrouver. Une seule personne avait le pouvoir de me ramener à elle : Marc ! Mais cette voie était impossible. Il était inconcevable de lui demander l'adresse de sa maîtresse. Et de toutes manières il n'était guère en état de me la fournir. Non, il n'y avait rien à espérer du côté de Marc. Mais alors, qui pouvait m'aider ? L'inspecteur Grafeuille peut-être ? Son enquête l'avait sans doute amené sur les traces de Cécile. Mais comment aborder la question avec lui sans éveiller ses soupçons ? Je ne voyais pas d'issue possible... Sauf peut-être... Mais oui, il fallait chercher l'information là où elle se trouvait. Et en l'occurrence celle-ci devait exister quelque part... dans un carnet d'adresses de Marc !

Comment m'emparer de ce carnet d'adresses ? Cette question avait remplacé la précédente pour prendre à son tour les formes d'une obsession. Le problème qui se posait était en soi assez simple : ce carnet devait reposer dans le fond d'un tiroir d'un bureau. Je recensai mentalement les bureaux de Marc. Il en possédait à ma connaissance deux : celui qui se trouvait dans son appartement et celui du journal. Ne disposant pas des clés de son appartement cette voie d'exploration m'était donc impossible. Il me restait donc le bureau au journal. Les gardes de sécurité à l'entrée du journal me connaissaient pour m'y être rendu maintes fois et à toutes heures. Je pouvais donc tenter d'user de cette familiarité pour m'introduire sans trop de difficultés dans le bureau de mon ami. Ce plan n'était pas totalement stupide. Après tout je tenais là ma seule chance de revoir un jour Cécile. Je me levai et me mis à marcher de long en large dans la pièce. L'entreprise ne présentait aucun risque : si je ne parvenais pas à franchir le barrage du poste de garde il me suffirait alors de rebrousser chemin, en revanche, si je passais, la voie serait libre sans plus aucun autre obstacle pour m'arrêter. Mais en vérité, il en restait un, et de taille : ma conscience. Comment pouvais-je violer ainsi l'intimité de mon ami, m'introduire chez lui comme un voleur pour fouiller dans ses secrets ? Je pouvais me targuer d'appartenir aux derniers défenseurs d'une intégrité morale si souvent bafouée au nom de principes mercantiles. Au delà de mes rêves les plus intimes, de mes fantasmes les plus fous, cette droiture marquait une limite infranchissable, comme une ligne de crête qui traçait la frontière naturelle entre le possible et l'interdit. Et le respect de l'intimité d'autrui appartenait à mon système de valeurs. D'aucuns trouveraient cette éthique par trop rigide, voire même surannée. Mais ma personnalité est ainsi. Je renonçai donc à mettre à exécution ce plan que mon désir avait façonné à l'encontre de mes principes.

La sonnerie du téléphone retentit soudain d'un cri strident, si caractéristique de ces vieux combinés que l'administration chérit tant. Je décrochai promptement et décochai dans l'élan un " allo " qui sonna fermement ; si promptement et si fermement que mon interlocuteur en parût pris de court.

Ah, euh, oui, allo ? Monsieur Gauthier ? répondit-il. Je cherche à vous joindre depuis hier. Je vous ai laissé un message sur votre répondeur.

Le message me revint tout à coup en mémoire. Je l'avais complètement oublié.

Oui, en effet, j'ai entendu votre message. De quoi s'agit-il au juste ? Dis-je sur un ton toujours ferme.

Nous devons absolument nous rencontrer. J'ai à vous révéler des informations très importantes.

A quel sujet ? Demandai-je avec une pointe d'agacement volontaire.

A propos de l'accident de Marc Perrot. Je ne peux rien vous dire par téléphone. Je préfèrerais vous parler de vive voix. Venez me rejoindre au Tribulum, dans la rue Saint Denis, vous savez, un peu après la place des Innoncents, vous voyez ?. Je vous attends.

Je connaissais cet endroit. C'était un bar à la décoration excentrique, à la manière d'un bazar pour passionnés de sciences occultes. Je décelai encore une fois dans le ton de la voix de mon interlocuteur une urgence à laquelle je ne pouvais me dérober. J'acceptai sa proposition et partis sur le champ. " Cette journée n'aura pas été propice au travail " m'avouai-je avec quelques scrupules. Mais je me réfugiai derrière le devoir qui m'appelait. Je ne pouvais renoncer à récolter des informations primordiales au démêlement du mystère de l'accident de Marc.

A quelques pas de la Place des Innocents je trouvai Le Tribulum, coincé entre deux théâtres érotiques. Une main géante marquée de symbôles cabalistiques en indiquait l'entrée. Une faune bigarrée déambulait dans l'étroite rue Saint Denis; mélange d'étudiants, de touristes, de punks de beaux quartiers, de personnages aux allures glauques ... Arrivé au seuil de l'établissement, je fus troublé par une question qui me vint subitement à l'esprit : comment allais-je pouvoir reconnaître mon interlocuteur ? Nous n'avions pas pensé à convenir d'un code pour nous identifier mutuellement. Quand je pénétrai dans le bistrot, je balayai du regard les quelques clients attablés et, mon mouvement fut vite arrêté par le visage d'un homme qui semblait guetter l'entrée. " Ce doit être mon homme " me dis-je mentalement. A ce moment, l'homme se leva et s'avança vers moi d'un pas décidé. J'eus le temps de bien observé sa démarche. Il était grand, maigre, étriqué dans un jean serré et flanqué de larges épaules qu'il balançait de droite à gauche. Il portait un T-shirt bleu marine qui mettait en valeur ses gros biceps, dont l'un était tatoué. Il avait l'allure de ces dockers que j'avais vus lorsque j'avais retrouvé Marc en Normandie, il y a presque vingt ans.

Monsieur Gauthier ? me demanda-t-il avec un soupçon d'hésitation.

Oui. Lui répondis-je sobrement et, alors qu'il semblait esquisser le mouvement d'une poignée de mains, j'ajoutai sans interruption : Que voulez-vous me dire ?

Il rangea maladroitement sa main dans la poche de son pantalon et, en bafouillant presque, il me dit :

Je vais tout vous expliquer. Venez vous asseoir. Nous serons plus à l'aise.

Il m'amena à sa table où l'attendait une chope de bière presque vide à côté d'un numéro de L'Equipe. Il tira, sans la soulever, sa chaise qui grinça sur le sol en un bruit de féraille. A peine assis, il sortit un paquet de cigarettes de la poche arrière de son pantalon et me le tendit en soulevant le menton en guise d'interrogation. " Non merci, je ne fume pas " lui répondis-je. Il retira une cigarette en donnant un petit coup d'ongle sur le fond du paquet puis fit craquer une allumette d'un geste plein d'emphase.

Je voulais vous dire, Monsieur Gauthier, que je suis bien embêté de ce qui est arrivé à votre ami, Marc Perrot. Le soir de l'accident, j'étais avec un copain, Alex. On était invité chez un ami qui habite dans le seizième. On a fait un repas bien arrosé. Je dois avouer qu'on a un peu trop bu Alex et moi. C'est toujours comme ça, vous savez, quand on est entre copains. Il est difficile de se contrôler. On parle, on mange et on boit. Et arrivé à la fin du repas on ne s'est pas rendu compte qu'on avait englouti deux bouteilles de vin. Avec les apéritifs et les digestifs, ça faisait beaucoup.

Le récit de sa beuverie ne m'intéressait aucunement mais je pressentais où il voulait en venir. Il s'interrompit pour aspirer une bouffée de fumée. Je notai que ses doigts tremblaient un peu. Etait-ce un sgine de nervosité ? Il reprit tout de suite.

Vers une heure du matin, nous sommes partis. Alex avait pris le volant. Il se sentait plus clair que moi. Il a démarré comme un fou et quand il a vu deux gars qui traversaient la rue, c'était trop tard. Votre ami s'est jeté devant vous et a pris le coup de plein fouet.

Et pourquoi ne vous êtes-vous pas arrêtés après l'accident ?

On a eu la trouille. Vous comprenez, nous étions ivres. On a pas vraiment réflêchi à ce qu'on faisait. Nous n'avons pensé qu'à nous tirer le plus vite possible. Dans ces moments-là, on n'agit pas toujours comme le bon sens le voudrait. Et puis, si la police nous avait pincés, ça n'aurait pas pardonné. En tout cas, voilà. Alex et moi, on n'arrivait plus à garder ça en nous. On avait besoin de vous révéler la vérité. Qu'allez-vous faire maintenant ?

Il m'observait avec un regard inquiet et le visage tendu. Il attendait mon verdict en implorant, silencieusement, ma clémence. Je sentais monter en moi, irresistiblement, une sourde colère. Ces deux abrutis, par leur irresponsabilité, avaient fait basculer ma vie et celle de Marc. De toute évidence il craignait une dénonciation à la police. Mais à quoi bon mêler l'Etat à cette histoire stupide. J'avais, tout au contraire, envie de lui taper dessus, d'écraser son nez proéminent d'un coup de poing, de lui hurler ce que je pensais de crétins de son espèce ... Mais je me sentais tout à la fois impuissant devant tant de gâchis.

Que voulez-vous que je fasse ? Comment vous appelez-vous ?

Ça, je ne peux pas vous le dire.

Et pourquoi ? Vous avez peut-être peur que je vous dénonce à la police, c'est ça ? Non seulement vous avez fait preuve d'irresponsabilité mais encore vous vous êtes comportés comme des lâches. Et vous récidivez. Savez-vous ce que signifie le mot amitié ? Avez-vous seulement mesuré ce que vous avez brisé ? Vous pensez peut-être pouvoir vous racheter en avouant votre acte ? Mais le mal est fait. Il fallait y penser avant. Les regrets n'ont jamais permis de renverser le cours du temps. Vous mériteriez que je vous dénonce à la police mais je ne crois pas que cela vous servirez de leçon. Alors, comment vous appelez-vous ?

L'homme restait silencieux.

Mais puisque je vous dis que je ne dirai rien à la police ! Dis-je sur un ton agacé.

Mon prénom est Christian. Mon copain c'est Alex. Mais vous n'en saurez pas davantage.

Sortez ! lui dis-je violemment. Je ne veux plus vous voire. Vous me dégoûtez.

Il afficha une mine pitoyable, baissa les yeux et sur un ton penaud balbutia.

Nous n'avons pas fait exprès, je ...

Sortez, criai-je.

Il écrasa sa cigarette à moitié entamée dans le fond du cendrier, déposa un billet de dix francs sous la chope de bière, se leva lentement et disparut sans dire un mot. Je le suivis du regard jusqu'à ce qu'il eut franchi le seuil de la porte. Juste avant de partir, il souleva les épaules sans se retourner. " Pauvre imbécile " murmurai-je. Dans la salle, les conversations s'étaient tues et tous les regards étaient rivés sur moi. J'attendis quelques minutes pour m'assurer de ne pas risquer de le croiser et je m'éclipsai à mon tour.

Cette scène m'avait laissé amer, car j'avais pu mesurer combien l'existence peut être à la merci du hasard aveugle et implacable. J'avais cru, jusqu'ici, que Marc avait été victime d'une machination dont les mobiles m'échappaient encore. Cette explication ne me satisfaisait guère mais elle inscrivait l'accident de Marc dans une suite logique d'événements rationnels. Des hommes avaient agi dans l'ombre dans le seul but de lui faire du tort. Il ne restait plus qu'à la police de démêler cette logique pour retrouver les coupables. L'idée même qu'il y eût des coupables assurait une revanche à la morale par le biais de la Justice. D'ailleurs la Justice parle d'auteur d'un délit, montrant bien par là que derrière les agissements d'un auteur il y a des actes. Or les actes ne sont pas le fait du hasard ! Dans un sens, cela me rassurait, ou du moins, me donnait l'occasion de me battre pour mon ami, même si la tâche risquait de dépasser mes capacités. Mais cette stupide histoire de beuverie me mettait hors de moi, car alors il n'y avait tout à coup plus de coupables, plus d'actes volontaires mais un mur impénétrable par la raison : le hasard. Que faire, face au hasard, sinon mesurer l'étendue de notre impuissance !

Je repris le chemin de la Sorbonne d'un pas morne et désenchanté. Il ne me restait plus qu'à attendre que Marc se rétablît, puisque l'enquête sur son accident était à présent un affaire close. Je retrouvai l'atmosphère grisâtre de mon bureau et repris, sans passion, mon travail dérisoire.